À quoi peut servir le théâtre ? Que cela peut-il nous apporter ? Et pourquoi ?
Après avoir répondu à ces questions, nous ferons un petit tour d’histoire et de culture pour les plus curieuses et curieux d’entre vous, voulant en connaître un peu plus sur le monde du 6e art.
Quel est donc le rôle du théâtre ?
Tout d’abord, le théâtre n’a pas un rôle ou un but, mais plusieurs. Et nous pourrions même les catégoriser en 4 points :
Le théâtre sert à divertir
Le théâtre divertit parce qu’il produit des émotions, qu’elles soient heureuses ou non, il génère des envies, des idées. Cela permet au spectateur de faire une parenthèse dans sa vie, de pouvoir s’évader, car le théâtre amuse, fait rire, fait réfléchir, fait pleurer ou fait rire.
Et quoi de mieux de laisser exprimer ses émotions en passant un moment parfois tragique ou amusant ?
Le théâtre a une visée moralisatrice
Via le rire, la comédie apporte sa morale, et a contrario la tragédie apporte la sienne via la terreur et la pitié.
Par le rire, la moquerie et les travers des personnages, la comédie tend à améliorer la nature humaine, et c’est grâce à cela que le spectateur peut parfois se remettre en question.
Comme mentionné plus haut, grâce à la catharsis, la tragédie essaie d’éliminer les mauvais sentiments, les mauvaises pensées.
Ainsi la rancœur, l’agressivité ou la pitié peuvent disparaitre ou du moins, être apaisées. C’est en s’identifiant aux comédiens, par procuration, que le spectateur peut se remettre en question.
Le théâtre a un but pédagogique
En faisant réfléchir, en instruisant, le théâtre peut nous enrichir. Il faudrait comparer le théâtre à une salle de classe, ou les spectateurs peuvent apprendre quelque chose.
Car le théâtre aborde 1 001 sujets différents, à caractères historiques ou philosophiques, avec humour et légèreté ou avec tristesse et sérieux, dénonçant parfois des actions politiques, des histoires d’amour, des conditions de travail, etc.
Le théâtre est fait pour plaire
C’est certainement la fonction première du théâtre : on y va pour se faire plaisir et passer un bon moment. Avant la télévision, internet et autres supports multimédias, les gens se divertissaient via la lecture ou le théâtre.
Et si le théâtre existe encore, ce n’est pas anodin, cela restera un art apprécié par beaucoup, et qui sera sans doute appelé à évoluer encore. Qui sait ce que l’avenir du théâtre nous réserve encore ?
Évidemment, il n’est question ici que des bienfaits du théâtre en tant que spectateur. Mais qu’en est-il de l’autre côté du rideau ? Car faire du théâtre et être comédien apporte aussi son lot de bonnes choses pour la vie de tous les jours.
Et je vais vous le dire personnellement, du fait de mon expérience : ayant pratiqué le théâtre pendant près de 15 ans et grâce à ça, certaines étapes de la vie peuvent être bien plus simples. En effet, le théâtre peut aider à vaincre une certaine timidité, que ça soit pour un exposé en classe ou un entretien d’embauche, il aide à la pédagogie, il permet d’être plus à l’aise face à un public.
Et au-delà de l’aisance oral, cela permet aussi d’enrichir sa manière de parler, d’enrichir notre culture et d’avoir une bonne élocution : « Bien le bonjour chère madame, comment vous portez-vous ? » est quand même toujours plus agréable à l’oreille qu’un « wesh cousine, bien ou bien ? », il faut bien l’avouer.
La communication et la manière de nous exprimer est le cœur de nos relations, de nos échanges, de nos actions dans ce monde.
Et au contraire, pour des gens nerveux ou voire même hyperactifs, cela peut permettre de canaliser une énergie souvent débordante. Pour certains, le sport est une solution suffisante pour se défouler et évacuer le stress, pour d’autres c’est le théâtre, la musique, le dessin, la peinture ou la sculpture, l’art en général.
J’ai déjà pratiqué du sport dans ma vie, certains que j’appréciais plus que d’autres, et pour des personnes de mon entourage, c’est une véritable drogue, ils ressentent constamment le besoin de repousser leur limite, ils ont besoin d’efforts physiques, afin de se sentir mieux. Et bien ma drogue personnelle, ça a été le théâtre.
Ce n’est pas très physique certes, mais c’est une gymnastique cérébrale, le footballeur a besoin de ses pieds, le comédien lui, a besoin de sa tête.
Il y a une gestuelle à respecter, un texte à apprendre par cœur, qui favorisent le bon fonctionnement de la mémoire, cela permet de lire plus vite, et fait même parfois place à l’improvisation lorsque que l’on a oublié parfois un mot ou une phrase, c’est très formateur.
Et surtout, à l’exception d’un one-man-show, cela crée du lien social, et tout comme une équipe de foot, une troupe de théâtre partage une même passion. Et puis, si nous prenons soin de notre corps (sportifs par exemple), pourquoi ne pas prendre soin de notre tête ?
De mon côté, faire du théâtre au début ne me tentait pas plus que ça, mais c’est comme les choux de Bruxelles : comment est-ce qu’on peut dire que l’on n’aime pas tant que l’on n’a pas gouté ?
Pour moi, le théâtre c’est un peu l’école de la vie. Je n’essaie de convertir personne, juste que si vous avez l’occasion d’essayer, ne serait-ce que par curiosité, allez-y !
Vous n’imaginez pas le surpassement de soi lorsque l’on monte sur scène, il faut vaincre le trac les premières minutes, mais une fois sur scène, que la pièce se déroule et que vous arrivez à faire passer des émotions aux spectateurs, à les faire pleurer ou rire aux éclats.
C’est fabuleux. C’est bien plus qu’un échange entre comédiens et public, c’est du partage. Et rien n’est plus gratifiant qu’un tonnerre d’applaudissements en fin de spectacle, et lorsque que tout se termine, la seule chose que je désirais, c’était d’y retourner.
Les origines du théâtre du 6e art
Nous devons la naissance du théâtre à nos amis les grecs, entre le VIème et Vème siècle avant J-C. Du verbe grec théâstai, d’où est sorti le mots grec theatron -et theatrum en latin- signifiant : regarder, voir, contempler avec admiration.
Le théâtre antique avait tout d’abord une forte connotation religieuse, car il s’agissait de cérémonies célébrées en l’honneur de Dionysos, le dieu du vin et de la fête. Il provient donc d’hymnes religieux dédiés aux Dieux ou aux héros, faits de processions, de danses et de chants, c’est ce qu’il s’appelait des dithyrambes.
Ce n’est qu’à la fin du Ve siècle avant J-C que les « comédies » apparurent, notamment grâce à 2 auteurs célèbres : Euripide (Les Bachantes, Iphigénie en Tauride, etc.) et Sophocle (Antigone, Œdipe Roi, Ajax, etc.).
Ce dernier a changé les règles de la tragédie, en diminuant tout d’abord le temps consacré aux chants, et en augmentant celui des dialogues, tout en « modernisant » la scène en y ajoutant des peintures en fond, afin de planter un décor, permettant ainsi d’immerger encore plus son public.
Comparé à aujourd’hui, le théâtre était à l’époque réservé exclusivement aux hommes, en effet comédiens, metteurs en scène et même le public ne pouvait être que masculin, même si un rôle de femme devait être attribué. À défaut de maquillage, les comédiens utilisaient des masques, il en existait alors 3 types :
- Le masque tragique, avec un visage triste,
- Le masque comique, avec un visage fendu d’un grand sourire,
- Le masque double, avec un côté tragique, et l’autre comique, ou les acteurs se devaient de jouer alors de profil pour passer de l’un ou l’autre.
Faisons maintenant un grand saut dans le temps : le théâtre de la seconde moitié du XVIIe siècle est souvent appelé théâtre classique (bien différent du théâtre baroque, nous en parlerons un peu juste après afin que vous compreniez bien la différence) car il répond à un ensemble de règles inspirées du théâtre antique.
Ces règles sont connues sous le nom de règles des trois unités. Boileau, dans L’art poétique en 1674, résume en vers ces 3 contraintes :
« Qu’en un lieu, qu’un un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre bien rempli. »
Ce qui signifie donc que le théâtre classique doit s’appuyer sur le principe de la vraisemblance, ou une pièce doit, au mieux, imiter l’action réelle.
- L’unité de temps : idéalement une journée et une seule, ou ne dépassant pas une « révolution de soleil » d’après Aristote. Et au mieux, l’action doit correspondre au temps de la représentation.
- L’unité d’action : tous les événements doivent être liés et nécessaires, du début à la fin de la pièce.
- L’unité d’espace : l’action de la pièce doit se dérouler qu’en un seul et même lieu.
Quelle différence avec le théâtre baroque alors ?
Et bien celui-ci peut se définir, comme le tout contraire du théâtre classique. Au niveau de l’analyse intellectuelle, celui-ci préfère l’émotion et la perception, le baroque préfère l’illusion à la vraisemblance, à la simplicité, le baroque oppose la complexité.
Le baroque repose plus sur le mouvement, la contradiction, l’excès. Le baroque tend plus à regarder qu’à écouter. Les chorégraphies sont plus poussées : le comédien doit faire une adaptation gestuelle par rapport à son texte. C’est donc dans un sens, moins convenu que le théâtre classique.
Quels sont les principaux genres au théâtre ?
Bien qu’il existe aujourd’hui de très nombreux genres théâtraux (la farce, le drame romantique, le drame bourgeois, le vaudeville, le théâtre d’improvisation, la danse-théâtre, etc.), il n’existait à l’époque que deux genres, toujours prépondérants au théâtre : la comédie et la tragédie.
Contrairement à la comédie, la tragédie mettait en scène des personnages nobles et riches, ou du moins de rang élevé, dans une histoire se terminant mal, la plupart du temps par la mort d’un ou plusieurs personnages.
Toujours dans la tragédie classique, ce genre comportait 5 actes, et traitait de sujets tel que l’amour, la vengeance, la fatalité. Les personnages mis en scène étaient souvent issus de la mythologie, ou de l’Histoire (avec un grand H), et se retrouvent régulièrement tourmentés par des passions destructrices.
La « catharsis » (purgation des passions selon Aristote, ou plus grossièrement une libération affective), était l’une des fonctions principales de la tragédie, via la représentation. Grâce à cette « exorcisme », cela permettait au spectateur de libérer ses pulsions, ses angoisses ou autres fantasmes à travers les personnages dramatiques.
Évidemment, il est impossible de parler de tragédie classique sans évoquer Racine, grand auteur dramatique du XVIIe siècle, et ses pièces les plus inspirées et célèbres, traitant souvent de sujets grecs comme Phèdre, Bérénice, Andromaque ou Iphigénie, etc.
Et donc… En opposition à ce genre, nous avons la comédie, ayant pour but de divertir et faire rire son public, tout en dénonçant les travers de la société. De plus, le dénouement est heureux : il pouvait s’agir d’une réconciliation, d’un mystère résolu ou même d’un mariage. En fait, la comédie avait pour fonction de corriger les mœurs par le rire.
Et Racine est à la tragédie, ce que Molière (XVIIe siècle aussi) est à la comédie, avec ses pièces comme Tartuffe, Le bourgeois gentilhomme, l’avare, Le médecin malgré lui, Les femmes savantes, etc.
On distingue par ailleurs différents types de comédie, comme la comédie d’intrigue, de mœurs, la farce également. Mais au XIXème siècle, un nouveau genre fait son apparition : le vaudeville (ou autrement appelé le théâtre de boulevard) mettant en scène un comique de situation lié à un intrigue amoureuse.
Feydeau est la référence de ce genre-là, avec un fil à la patte, La puce à l’oreille, Feu la mère de madame…
Aujourd’hui, bien que les codes de ces genres aient changés depuis leurs origines, la comédie reste identifiable par son rôle premier de devoir faire rire. Nous pouvons aisément citer Le dîner de cons de Veber, ou bien Le père Noël est une ordure du Splendid (avant d’être adaptées en films, devenus cultes dans la culture française).
Quels sont les sous-genres du théâtre ?
Énumérer et expliquer tous les genres théâtraux serait un peu fastidieux, mais nous pouvons le faire rapidement pour certains d’entre eux :
Le drame
Surtout développé par le grand Victor Hugo en 1827, dans la préface de sa pièce Cromwell, l’effet dramatique vise à émouvoir, et à toucher la sensibilité du spectateur.
Souvent de perspective bourgeoise en termes d’expression, les personnages sont le plus souvent historiques (des rois, des nobles, souvent déclassés). Les lieux se veulent multiples et mélangent les décors, en passant d’intérieurs intimes à des jardins ou espaces publiques.
Le drame romantique est lui, théorique et vise à atteindre plus de vérité en mélangeant des genres (comme le tragique et le comique) tout en mélangeant aussi différents tons (sublime et grotesque). Comme Hernani de Victor Hugo.
Le Vaudeville
Forme de comédie du XIXe siècle, et bâti sur une intrigue amoureuse établie sur des quiproquos, des hasards sortant de l’ordinaire et des rebondissements, le vaudeville met en scène des personnages souvent stéréotypés (le mari stupide, le cocu, la fille aux vertus légères, l’homme beau et riche). Nous pouvons citer La Puce à l’Oreille de Feydeau.
Le drame bourgeois
Né au XVIIIe siècle, ses personnages bourgeois clament le triomphe de la vertu, et se permettent d’exprimer des vérités sur des situations. Pour émouvoir, c’est surtout le ton pathétique qui domine, servant aussi à toucher et faire pleurer le spectateur, sans exiger non plus la mort du personnage central, comme Les Corbeaux, de Becque.
Le théâtre de la Responsabilité (ou théâtre engagé)
Ce terme quelque peu controversé en termes de définition et relativement récent (XXe siècle), reprend des thèmes tragiques, servant alors à souligner les problèmes de la liberté chez l’humain. Nous pouvons évidemment penser à Rhinocéros de Ionesco.
Le théâtre de l’absurde
Ce genre met la désintégration de l’intrigue et du discours en évidence, tout en soulignant l’existence ou la présence des différents personnages, comme l’a fait Beckett dans sa pièce En Attendant Godot.
Et le stand-up alors ?
Abréviation française de l’anglais américain stand-up comedy, comique de scène ou monologue comique, le stand-up est un genre comique où un humoriste (généralement seul) brise le quatrième mur en prenant à témoin son auditoire, concernant des histoires qui lui sont arrivées, sans décor ni accessoire. Cette forme particulière de spectacle solo (aussi appelé one-man-show) est apparue à la fin du XIXe siècle aux États-Unis.
Et c’est plutôt sous cette forme que le registre de la satire sociale s’est développé. Le stand-up s’est fait connaitre en France avec le spectacle de la radio parisienne Generation 88.2 en début 2000, et se popularise en 2006 avec le lancement du Jamel Comedy Club.
L’histoire du théâtre est toute aussi intéressante que sa pratique, que ça soit devant ou sur la scène. Cela nous instruit, redonne de la confiance en soi et apporte de l’assurance.
D’autant qu’il existe tellement de types de mises en scène différentes, de genres de théâtre, vous en avez pour tous les goûts, pour toutes les envies. À titre d’exemple le théâtre d’improvisation est un bon exercice pour gérer les situations de malaise dans une conversation parfois, alors qu’un genre plus « classique » sera une bonne chose pour faire travailler votre mémoire.
À cela s’ajoute évidemment le plaisir de partager entre comédiens et public. Par ailleurs, le théâtre permet un dépassement de soi, nous aidant chaque jour à prendre confiance en nous, à nous exprimer avec clarté, à réussir à y croire et obtenir tout ce que l’on veut pour réaliser ses rêves.