De nombreux parents sont conscients que certains des plus grands défis qui accompagnent l’éducation des enfants surviennent au cours des premières années.
Lorsque le deuxième anniversaire arrive, les tout-petits commencent tout juste à avoir leur propre esprit : ils testent leurs limites, expérimentent leur indépendance et éprouvent souvent de grandes émotions qu’ils ne savent pas encore comment gérer.
Il en résulte souvent que les parents doivent alors parfois faire face à crises de colère, des caprices ou à des repas difficiles, avec des difficultés à dormir.
En d’autres termes, la petite enfance peut être difficile pour les parents et les enfants eux-mêmes. Mais tout cela est un comportement parfaitement sain dans une certaine mesure.
Cependant, pour les parents qui sont épuisés et dépassés, la question de savoir si le comportement de leur enfant franchit une ligne extrême, pouvant même s’avérer inquiétant est souvent très réelle.
Certains experts en santé infantile seront cités dans cet article, pour aider les parents à identifier quand cinq types typiques de comportements des tout-petits pourraient en fait être un signe de quelque chose de plus grave qu’une simple passade.
Les crises de colère
Selon Jennifer Daffon, conseillère en santé mentale agréée, propriétaire des services de consultation pour enfants et familles à Washington:
« Les crises de colère sont des réactions typiques des jeunes enfants, car ils peuvent être tellement submergés par de grandes émotions qu’ils ne savent pas quoi en faire. »
Elle explique que parce que les jeunes enfants n’ont pas encore appris à maîtriser leurs émotions et qu’ils n’ont souvent pas le vocabulaire nécessaire pour les exprimer, ils ont plutôt recours à l’extériorisation.
Mais si les crises de colère peuvent être tout à fait appropriées au développement, elle ajoute que les préoccupations se développent autour des questions de sécurité.
Par exemple, si votre enfant se frappe la tête contre le mur lorsqu’il est en colère ou s’il lance des objets sur ses camarades en maternelle pendant ses crises, ce pourrait être une bonne raison de parler à votre pédiatre.
« Un autre signal d’alarme est si vous remarquez que votre enfant fait plusieurs crises de colère au cours de la journée qui durent plusieurs minutes. Cela pourrait être un indicateur de trouble de la régulation de l’humeur. »
Les symptômes typiques de cela, dit-elle, sont les enfants qui :
- Font de multiples crises de colère,
- Répondent de manière vraiment excessive à un événement, une remarque ou une demande,
- Ont de la difficulté à revenir aux comportements de base.
Toutefois, le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble relativement nouveau, et il n’est généralement diagnostiqué que chez les enfants de plus de 6 ans et de moins de 18 ans qui présentent ces symptômes de façon constante depuis plus d’un an.
« Un thérapeute pour enfants peut aider l’enfant à apprendre des techniques d’adaptation et des moyens appropriés pour gérer les sentiments forts. Les parents peuvent également travailler avec le thérapeute pour acquérir des compétences supplémentaires afin d’aider leur enfant à mieux réussir ».
Manger avec modération
Melanie Potock est une orthophoniste pédiatrique et une spécialiste de l’alimentation qui a des années d’expérience de travail avec les enfants dont l’alimentation difficile dépasse les limites de l’inquiétude. Elle a déclaré :
« De 6 à 18 mois, la plupart des enfants sont ouverts à l’idée d’essayer de nouveaux aliments, tant que les parents continuent à leur offrir une grande variété de saveurs et de textures. Mais quand un enfant approche l’âge de 2 ans, il est naturel qu’il devienne un peu plus difficile. »
Pourquoi ?
Potock explique qu’il y a en fait deux raisons : la croissance ralentit et les enfants sont plus occupés.
« Ils courent partout, jouent et s’engagent dans le monde, et s’asseoir à table pour manger n’est pas une grande priorité pour eux. De plus, comme la croissance a commencé à s’amenuiser par rapport aux 18 premiers mois de la vie, les enfants ne mangent tout simplement pas autant ».
Mais ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas besoin d’autant de nourriture qu’ils n’ont pas encore besoin d’une bonne nutrition. Et pour certains enfants, cette alimentation difficile peut devenir beaucoup plus préoccupante.
Dans le livre Raising a Healthy, Happy Eater: A Parent’s Handbook: A Stage-by-Stage Guide to Setting Your Child on the Path to Adventurous Eating (élever un enfant qui mange sainement : un guide étape par étape pour mettre votre enfant sur la voie de l’alimentation aventureuse), que Mme Potock a coécrit avec la docteure Nimali Fernando, pédiatre, elle a souligné les éléments suivants qui peuvent indiquer une raison de porter à l’attention de son pédiatre la difficile alimentation de votre enfant :
- Nourrir votre enfant est frustrant et cause du stress dans la famille,
- La croissance de votre tout-petit est au ralenti, voire au point mort,
- Votre tout-petit semble particulièrement difficile et limite ses aliments à certaines catégories ou seulement à certaines textures ou contenants, comme les sachets de compote de pommes par exemple,
- Votre tout-petit mange très bien à la garderie/école, mais pas à la maison,
- Votre tout-petit a souvent des « haut-le-cœur » ou a déjà eu un épisode d’étouffement (il est par ailleurs important de discuter avec votre pédiatre même d’un seul incident d’étouffement).
Il existe par ailleurs un nouveau trouble de l’alimentation appelé trouble de la prise alimentaire évitant/restrictif qui commence souvent dès l’enfance et peut devenir dangereux s’il n’est pas traité de façon appropriée.
Frapper et mordre
Personne ne veut que son enfant fasse du mal aux autres, c’est certain.
Mais il y a certains comportements que nous avons tendance à pardonner un peu plus facilement dans la petite enfance, et cela comprend les coups et les morsures. Selon Daffon :
« Certains comportements agressifs, comme les coups quand l’enfant est en colère, sont appropriés pour le développement des tout-petits. »
« Ils n’ont pas encore tout à fait appris les normes sociales ou la façon de gérer leurs sentiments. C’est le travail du soignant et des parents de montrer le comportement auquel on s’attend lorsque le tout-petit est en colère ou bouleversé. »
« Pour ce faire, il faut nommer les sentiments que vous voyez et les verbaliser à votre enfant, afin qu’il puisse commencer à avoir un vocabulaire pour ses propres sentiments. »
C’est aussi à ce moment que vous devriez expliquer à votre enfant les façons acceptables et inacceptables de montrer qu’il est bouleversé ou contrarié (ce n’est pas parce que c’est normal que ça veut dire que c’est bien).
Le verbiage que Daffon vous conseille d’utiliser comprend des phrases telles que :
« Je vois que tu es en colère. C’est bien d’être en colère, mais ce n’est pas bien d’être méchant », ou « Ce n’est pas bien de frapper untel, mais tu peux – insérer une alternative acceptable – à la place. »
Selon Daffon, les coups, les morsures et autres comportements violents deviennent des sources d’inquiétude :
« Si l’enfant s’inflige des blessures pour maîtriser ses émotions, c’est un signe évident que l’enfant a peu, voire pas, de capacités d’adaptation positives. »
La mauvaise prononciation des mots
En tant que parents, nous pouvons parfois être coupables de rigoler devant la façon maladroite dont les enfants disent certains mots. Leurs mauvaises prononciations sont adorables et on ne peut pas s’empêcher de rire.
Mais c’est aussi l’âge où les problèmes d’élocution commencent à se manifester.
« Certaines erreurs de son peuvent être appropriées à l’âge », dit Nicole Well, orthophoniste chez CHOC Children’s en Californie.
Si vous vous inquiétez de l’utilisation de certains mots par votre enfant, elle suggère aux parents « d’essayer de décomposer le mot en sons simples (ou syllabes) pour qu’ils le répètent ».
S’ils ne peuvent toujours pas y arriver, vous pouvez demander au pédiatre de votre enfant si une évaluation de la parole est nécessaire, quitte à aller voir un orthophoniste.
« Si votre tout-petit est inscrit au préscolaire, l’enseignant devrait être une autre excellente ressource pour remarquer les incohérences du développement de la parole. »
Les « batailles nocturnes »
Il est courant à cet âge de se battre pour l’heure du coucher, et essayer de trouver la combinaison parfaite siestes/ sommeil peut être un exercice d’équilibre que vous essayez sans cesse de recalibrer. Selon Daffon :
« Les enfants ont un peu de FoMO à l’heure du coucher, et c’est normal. »
Qu’est-ce que le FoMO ?
Il s’agit de la peur de rater quelque chose, acronyme de l’anglais Fear of Missing Out, une sorte d’anxiété sociale caractérisée par la peur constante de manquer une nouvelle important ou un autre événement quelconque donnant une occasion d’interagir socialement.
« Ils aiment faire partie de l’action à tout moment de la journée. Donc, passer en mode sommeil peut être difficile à cet égard. »
Une chose qui peut aider, dit-elle, est d’établir une routine cohérente à l’heure du coucher – une routine facile à mettre en œuvre et qui ne comporte pas trop d’étapes.
« Le fait de passer du temps seul à seul avec un parent peut aider l’enfant à se sentir connecté sans avoir à faire trop d’efforts. »
Mais il arrive un moment où la dispute au coucher peut être le signe de quelque chose de plus sérieux.
« Si un enfant manifeste une grande anxiété ou s’il s’inquiète d’aller au lit, vous devriez peut-être explorer davantage les raisons de cette situation avec lui. »
Elle conseille de ne pas écarter les craintes que votre enfant peut éprouver, car pour lui, ces craintes sont très réelles.
Quelque chose pouvant paraître irrationnelle pour nous adultes, peut paraître rationnelle pour les plus petits.
Les écarter ne ferait qu’exacerber les craintes de votre enfant et le convaincre que vous, en tant qu’adulte, n’êtes pas disposé à l’aider, à l’écouter ou à vous en soucier.
Si vous avez tenté d’instaurer une heure de coucher apaisante et constante, si vous avez retiré l’accès aux appareils à lumière bleue (comme les téléphones ou les écrans) et si vous avez essayé en vain de surmonter les craintes de votre enfant, et que cela ne fonctionne pas, il est peut-être temps d’appeler le pédiatre.
Merci d’avoir lu cet article.