Nous avons plus de chances de tomber malade durant la saison d’hiver, mais ce n’est peut-être pas forcément pour les raisons que vous croyez.
« Winter is coming »…
Peut-être que Game of Thrones est terminé, et que l’hiver est venu s’installer définitivement à Winterfell, mais nous, nous avons droit à l’arrivée du froid chaque année.
Et le froid approche, de plus en plus. Chacun va commencer à ressortir bonnets, gants, écharpes, gros manteaux et bien sûr les parapluies.
La nuit arrive plus tôt qu’il y a quelques semaines et on pourra bientôt manger de la raclette au coin du feu, ou regarder des séries sous la couette avec un chocolat chaud alors qu’il pleut dehors.
Une saison d’horreur ou de déprime pour certains, une chouette saison pleine de charme ou une bonne raison d’aller à la montagne pour d’autres. Il y a cependant quelque chose qui guette chacun de nous durant cette période : les maladies d’hiver.
Les rhumes, les grippes, le nez qui coule, « j‘en passe et des meilleurs » comme dirait Victor Hugo. Nous avons été pour la plupart tranquilles en été, mais pourquoi reviennent-ils en hiver ?
Pourquoi tombons-nous plus facilement malade durant cette période de l’année ?
Je vais vous apporter quelques réponses.
Les fausses idées sur les maladies d’hiver
Pour commencer, l’idée affirmant que les microbes sont tués lorsque le thermomètre annonce une température négative est fausse.
Si les microbes ne résistaient pas aux basses températures (même si celles-ci sont négatives), la médecine n’enregistrerait pas des pics de gastros ou de rhume par exemple.
Car oui, c’est bien en hiver que nous sommes le plus malade.
Cependant, le froid peut tout de même atténuer certains risques de transmission d’affections virales.
La plupart des germes sont justement à leur aise dans des températures comprises entre 0 et 10°C.
Lorsqu’il fait -5°C, ils sont en revanche un peu fatigués, un peu « frileux » ou engourdis, comme nous finalement, mais les microbes ne sont pas morts pour autant lorsque cela arrive.
De plus, le froid ralentit notre cerveau, et même notre activité physique en général. Il est certes agréable de manger une fondue et boire du vin rouge, mais ce n’est pas vraiment un exercice très fatigant, n’en déplaise à la digestion qui semble être souvent compliquée.
Et de ce fait, le froid ralentit les réponses immunitaires de notre corps. Les cellules se déplacent plus lentement, laissant plus de temps aux virus de faire leur travail.
Une autre idée quelque peu faussée concerne la possibilité d’éviter de tomber malade. Les masques.
Si les virus sont plus nombreux dans l’air et dans l’environnement durant l’hiver, l’idée de porter un masque, bien que pas très sexy, peut paraitre intelligente. Cependant, en réalité, cela s’avère assez peu efficace, et pour plusieurs raisons.
D’abord parce qu’il existe de nombreuses contrefaçons. Il ne faut acheter que des masques agréés (chirurgicaux ou FFP2).
Ensuite, ce n’est tout simplement pas 100% efficace.
Les virus et bactéries sont totalement capables de passer au travers de votre masque.
Le seul véritable avantage de ces masques est qu’ils empêchent de manière efficace les gouttes de salive de s’échapper lorsque vous toussez.
Enfin, la durée de vie de ces masques est assez faible puisqu’elle est de 3 à 6 heures. Ils ne devraient être réservés qu’en cas de pandémie grippale.
Le rhume
Avant toute chose, il est inutile de blâmer la pluie, la pauvre petite n’y est pour rien.
Il y a bien une histoire d’humidité derrière cette grande tragédie qu’est le rhume, mais pas forcément en rapport avec la pluie.
Faisons connaissance avec le Dr William Schaffner : il est spécialiste des maladies infectieuses à l’Université Vanderbilt à Nashville, au Tennessee.
Il déclare :
« L’hiver est le moment de l’année où nous avons le plus d’infections respiratoires et elles se transmettent plus facilement en hiver pour deux raisons.
Premièrement :
Nous passons plus de temps dans des espaces clos, près des uns des autres. Lorsque nous transmettons des virus d’une personne à une autre, nous sommes habituellement proche d’elle (dans ce qu’on peut appeler une « zone respiratoire », où notre souffle, notre respiration est suffisamment proche de quelqu’un). Effectivement, en restant dans des espaces confinés, l’air est moins bien renouvelé qu’en extérieur, la transmission de bactéries ou de virus est donc facilitée. »
Deuxièmement :
« Lorsque nous sommes dans une période de faible humidité comme celle de l’hiver, il semble que le peu d’humidité entourant le virus s’évapore, afin que le virus reste dans l’air pendant une période suffisamment longue pour que la personne qui est suffisamment proche de moi puisse le respirer. »
Nous nous disons souvent que lorsque l’on attrape un rhume, ou que l’on a le nez qui coule, c’est à cause de la pluie, et que l’on reste dans des vêtements mouillés, et qu’on a « attrapé froid », mais c’est un mythe.
Et ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les experts.
Dr. Jaime Friedman par exemple, pédiatre à San Diego, déclare que les mythes concernant le temps humide et le fait d’attraper un rhume ont probablement évolué en raison d’une mauvaise compréhension des virus.
Elle ajoute d’ailleurs :
« Avant que quelqu’un ait connu ou compris les virus ou les microbes, il était logique que le froid et les frissons que nous ressentions lorsque nous sommes mouillés soient semblables au froid et aux frissons d’une fièvre et d’une maladie, ce qui permettait alors d’associer l’un à l’autre. Il est également logique que, comme les virus se développent par temps froid, nous tombons plus souvent malades par temps froid. »
Selon le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, le Centers for Disease Control and Prevention, encore appelé CDC, principale agence du gouvernement fédéral des États-Unis chargé de la protection de la santé publique, il y a des millions de cas de rhumes chaque année.
L’adulte moyen a 2 à 3 rhumes par an, et les enfants en attrapent davantage.
La majorité des personnes attrapent un rhume en hiver ou au printemps. Le fameux rhume des foins, souvent dû au pollen et autres allergies. Et ce même s’il est possible d’attraper un petit rhume à n’importe quel moment de l’année.
Mais cela dit, les bactéries et virus atteignent notre organisme plus facilement durant l’hiver. Alors, comment ?
Via les muqueuses nasales notamment, qui sont bien plus asséchées l’hiver que l’été. Pourquoi ?
« Eh bien Jamy, c’est très simple ». Le mucus du nez ayant pour fonction de réchauffer l’air froid inspiré en hiver, d’où le nez qui coule d’ailleurs, est plus « sollicité » qu’en été, en conséquence de quoi, il tapisse moins bien les muqueuses, les rendant ainsi perméables aux microbes.
La grippe
Tout le monde a déjà attrapé une grippe, et si cela ne vous est jamais arrivé, vous avez de la chance.
Car cela n’a rien d’amusant : fièvre, toux, maux de tête, myalgies, asthénie et même anorexie. On a déjà connu des régimes plus sympathiques je vous l’accorde.
Les grippes, tout comme les rhumes, peuvent s’attraper tout au long de l’année, mais plus fréquemment en automne et en hiver.
Certains soutiennent que le nom « grippe » fait référence à l’expression italienne « influenza di freddo », signifiant « influence du froid », ce qui est pertinent finalement.
Bien des médecins expliquent que le temps plus froid peut permettre au virus de la grippe de circuler plus facilement. D’autres facteurs sont également à blâmer pour l’augmentation des cas de grippes en hiver et en automne.
« Dans les bonnes conditions, de nombreux virus dureront plus longtemps à des températures plus froides. »
C’est ce que déclare Stephen Morse, professeur d’épidémiologie et spécialiste des maladies infectieuses à l’université Columbia à New-York.
La température et l’humidité sont des acteurs majeurs dans la propagation de la grippe selon lui, mais « L’activité humaine, notre tendance à nous rapprocher en hiver, à rechercher de la chaleur, peut aussi jouer un rôle. »
Il ajoute également que :
« Dans les zones tempérées, la saison de la grippe coïncide habituellement avec des mois plus froids. Mais sous les tropiques, la grippe est souvent associée aux saisons des pluies et peut se produire toute l’année, ou afficher des sommets durant les mois d’hiver et d’été. Un bon nombre de pandémies semble apparaître à la fin du printemps et de l’été, après la saison traditionnelle de la grippe ».
Rien n’est encore sûr, et cela nécessite une étude plus approfondie, mais le manque d’exposition au soleil pendant les mois les plus froids peut être un facteur impactant sur notre système immunitaire.
En outre, la faible luminosité convient à certains virus, car ils n’ont pas à subir les UV (ultraviolets) comme en été. Encore une raison pour laquelle les pics épidémiques sont plus importants en hiver qu’en été.
Selon le Dr. Jeffrey Klausner, professeur de médecine dans la division des maladies infectieuses à l’université de Californie à Los Angeles :
« Le rôle de la lumière du soleil est assez mal compris, mais les UV du soleil sont un décontaminant bien connu. Dans l’Histoire, l’exposition au soleil a déjà été utilisée pour traiter des patients tuberculeux avec un certain succès et ce, avant l’antibiothérapie. »
Les rhumes et la grippe ne sont pas les seuls dangers
Vous vous imaginez bien qu’il y a d’autres problèmes pouvant survenir durant l’hiver, cela aurait été trop simple !
Car outre les maladies respiratoires comme le rhume, ou bien dans une autre mesure la grippe, l’hiver peut aussi favoriser des pathologies cardiovasculaires et ce, en raison des basses températures.
Et l’explication se veut simplement « mécanique ». Lorsque le froid s’installe, les vaisseaux sanguins de notre organisme se contractent, limitant ainsi les pertes de chaleur du corps.
Notre sang devient alors plus dense. Il demande à notre cœur de fournir plus d’efforts afin que tout fonctionne bien.
Il est d’ailleurs déconseillé de fumer à l’extérieur en période de grand froid, car de nombreux cas d’infarctus du myocarde ont été déclarés dans ce contexte-là !
Comment réduire les risques de tomber malade en hiver ?
Bien qu’il soit malheureusement impossible d’éviter complètement de tomber malade, nous pouvons être prévenants.
Et le CDC (et même notre maman ou notre médecin, tout le monde vous l’a déjà dit) avance que le meilleur moyen d’éviter un rhume est de se laver régulièrement les mains. En utilisant de l’eau savonneuse pendant au moins 20 secondes, ainsi qu’en évitant de toucher le visage, les yeux, le nez ou la bouche avec des mains non lavées.
D’ailleurs, si jamais vous vous lavez les mains dans un endroit publique par exemple, favorisez plutôt une serviette, propre si vous le pouvez, ou avec des mouchoirs si vous en avez. Délaissez les séchoirs automatiques qui vont plutôt vous offrir une belle famille de microbes.
De plus, je ne vous dis pas d’être insociables, mais juste d’être préventifs, évitez le contact avec les personnes qui toussent ou éternuent. Désinfectez régulièrement les surfaces fréquemment touchées dans la maison, comme par exemple les poignées de portes.
Pensez à bien aérer votre logement, toutes les pièces si possible, et pendant au moins ¼ d’heure par jour, même si cela doit considérablement refroidir votre maison.
Cela renouvellera l’air de votre appartement, c’est important.
Vous pouvez également surveiller votre alimentation. En effet, lors de grands froids, nous apprécions nous faire plaisir, en délaissant salades et autres crudités, au profit de plats plus gras et plus riches en sucre.
D’accord, cela nous apporte une sensation de chaleur, de réconfort, et même de bien-être. Mais ce type d’alimentation, consommé en excès, n’est pas bon pour la santé et peut favoriser des pathologies cardiovasculaires.
Je ne me permettrais pas de vous interdire de vous faire plaisir de temps en temps, mais il est tout de même important de garder une alimentation saine et équilibrée, même si vous êtes frileux ou frileuse.
Enfin, vous pouvez aussi essayer de prendre de la vitamine C. Elle ne guérit pas ou n’évite pas de tomber malade, mais elle peut permettre une réduction du risque de contracter un rhume.
Encore mieux, vous pouvez opter pour un verre de jus d’oranges pressées tous les matins.
Concernant la vitamine C, une dose de 250mg à 1g par jour, de 3 à 8 semaines juste avant et pendant l’hiver peut effectivement aider.
En revanche, elle n’est en rien efficace pour réduire la durée ou la gravité du rhume. Ce n’est pas un médicament.
Mais vous savez ce qu’on dit : la vitamine C, mais elle ne dira rien.
Merci d’avoir lu cet article.